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Une Rencontre Silencieuse en Bretagne...



Retour d'expérience sur un séjour passé

à l'Abbaye Saint-Guénolé de Landévénnec, au lieu dit Pénity. 

Une rencontre silencieuse d'une semaine, du 16 au 23 juin,

sur le thème du recueillement et de l’introspection

comme ouverture à la Présence,

et intitulée: « A l’Ecoute du Murmure de l’Instant ».


Originaire de Bretagne, né à la clinique des Augustines hospitalières de Malestroit et ayant grandi à Josselin dans le Morbihan, mon premier passage à l'Abbaye Saint-Guénolé date de près d'une trentaine d'années. J'avais à l'époque un peu plus de 20 ans, et j'étais venu passer quelques jours à l'Abbaye, dormant en toile de tente sur l’aire de camping du Monastère, poussé par l'Esprit de toute évidence, qui me guidait dans ma quête spirituelle d’alors. De ce séjour, je me souviens notamment avoir tissé quelques liens d'amitié avec le frère hôtelier dont j'ai depuis longtemps oublié le nom. Une anecdote des plus anodines m’est restée lors d’un échange avec ce frère alors que je venais d'acheter un exemplaire du nouveau testament à la librairie du Monastère, et dont la couverture était d’un ton vert foncé, couleur que ce frère m’avait dit affectionner particulièrement. Je pense que c'était d'une certaine manière une parole d’amitié et d'encouragement pour le jeune homme que j'étais dans ma soif et ma recherche de Dieu.

Bien sûr, j'étais loin de me douter que trente ans après je serais amené à revenir en ce lieu du bout du monde.

Chemin faisant, ma quête de Dieu m'a conduit étonnamment sur le chemin de la méditation bouddhiste, et ce jusqu'à m'engager dans la vie monastique à l'âge de 29 ans auprès du vénérable maître zen vietnamien Thich Nhât Hanh, dans la Communauté du Village des Pruniers en Dordogne. Ayant porté la robe pendant près d'une vingtaine d’années, j'ai été amené au cours de ce cursus monastique à guider des groupes dans l'approche de la méditation et à enseigner. C'est dans ce cadre là que s'est inscrite la rencontre de méditation entreprise en juin à l'Abbaye.


J’ai d’abord effectué à titre personnel un séjour d'une semaine à l'Abbaye au mois de février de cette année, au cours duquel j’ai donc pu faire connaissance avec le frère hôtelier, frère Simon, ainsi qu’avoir un échange avec le père abbé. Les dates pour notre rencontre de méditation au mois de juin avaient déjà été réservées quelques mois auparavant. Ce séjour était donc aussi l'occasion pour moi de faire un repérage des lieux que nous allions occuper sur la propriété du Monastère


Cette rencontre en juin était une invitation à une immersion complète dans le silence sur toute la semaine. Nous étions 20 personnes, dont le cuisinier et moi-même. Toutes les personnes étaient averties à l’avance qu’elles seraient tenues de déposer et me confier leur téléphone portable sur la semaine entière, notre cuisinier assurant le relais des messages susceptibles d'être reçus par les proches des participants en cas de réelle nécessité. Nous avons ouvert cette rencontre avec un partage de présentation de chacun avant qu’ils n'entrent dans le jeûne complet de la parole, puis nous avons ponctué la semaine en déliant les langues autour d’un partage de retours d'expériences de chacun.


Le lieu s'est évidemment parfaitement prêté à une telle exploration de nos intériorités, dans cette précieuse écoute du Silence où la Vie parle au cœur de l’instant. Nous nous sommes sentis accueillis dans un havre de paix, une oasis où flottaient l’aimable présence des palmiers dans la brise du vent, lieu de prédilection d'une tourterelle œuvrant à construire son nid. Le chevreuil, voisinage rassurant et stimulant notre émerveillement, est venu plusieurs fois nous rencontrer; il a même une fois fendu l'espace du parc devant la maison où plusieurs d’entre nous prenaient un temps de détente. Les brebis et leurs petits gambadant allègrement faisaient également la joie de notre contemplation.

Un des participants a témoigné à la fin de la semaine à quel point il avait senti la force et la présence du lieu qui nous accueillait et dont les murs étaient empreints. C’est pourquoi il a tenu à remercier en quelque sorte la maison et lui rendre hommage avec ses mots. J’ai moi-même eu un songe tout à fait inhabituel et bien particulier la première nuit passée à Pénity, la veille de notre rencontre; nous étions quelques-uns en effet à être arrivés un jour plus tôt pour mieux préparer les lieux. Sans me souvenir précisément du contenu du rêve, je me suis réveillé au matin avec le souvenir de l’impression vécue durant la nuit, je dirais peu avant l’aube. Pour le dire simplement avec mes pauvres mots, la certitude d’avoir été témoin de la présence de Dieu, pas moins que cela ! …Le souvenir d’une visite lumineuse qui me faisait comprendre qu’elle relevait de cette Présence !

Songe des plus auspicieux à l’aube de notre retraite spirituelle, vous en conviendrez.


Nous avons eu l'occasion quelques fois d'aller nous promener tous ensemble en marche méditative, toujours à un rythme lent, au bord de l'eau ou sur la propriété du Monastère à la rencontre des grands arbres. Chaque jour, nous avons aussi apprécié de nous rendre jusqu'à l’église en marche méditative afin de participer à l'office de Vêpres. Ce fut l'occasion pour plusieurs personnes de retrouver ou d'interroger en eux leur relation à la prière et à la spiritualité chrétienne. Ces moments passés à l'église avec les moines et la communauté des fidèles ont été des temps de présence forte vécue dans la fraternité de notre rencontre, au travers des instants partagés de liturgie et de silence.


Notre rencontre silencieuse s’est très vite ouverte sur un jardin intérieur commun qui n’a cessé de se révéler davantage au fil des jours, un espace de lumière partagé dans l’écoute du silence et de nos présences tous ensemble, et qui nous a permis de goûter à une Présence plus grande. J’ai moi-même été agréablement surpris par la qualité de silence qui a pris place dès les premiers jours au sein de notre groupe, annonçant la grande profondeur que notre reliance ensemble allait offrir. En même temps, pour que ce “voyage” soit vécu sans tension, et que le silence ne se transforme pas en une expérience souffrante de mutisme ou d’enfermement, il était utile d’y apporter une touche d’humour ici et là afin de permettre au groupe de sentir à l’aise et pour chacun d’y trouver l’équilibre apporté par la légèreté. De même, des entretiens individuels étaient mis à disposition pour celles et ceux qui souhaitent me rencontrer pour échanger autour de ce qu’ils vivaient lors de cette semaine, ou pour aborder un thème plus personnel concernant leur vie quotidienne.


Je tiens à remercier la Communauté monastique de Landévennec pour cet accueil généreux qui nous a été fait, et qui laisse place à une confiance dans nos spiritualités respectives, tous désireux que nous sommes de comprendre davantage la place que peut et doit jouer la lumière et l’amour de la Transcendance dans nos vies quotidiennes, quels que soient les chemins honorables pour y accéder.


Bien fraternellement,

Frère Fabki



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